Quand on me parle de sionisme... On a pu me prendre ma fille mais pas la part d'elle abîmée en moi qui ne finira qu'avec moi, la pensée qui perdure, modifiée cependant, et exsude dans ces mots qui demeureront, pour elle aussi, peut-être, qui en est l'origine. Irrémédiable ? Je le sais et le veux aussi - l'espoir est une trop lourde charge, une invincible torture. Car après la définitive séparation -issue d'autres, pervers, mais acceptée ou initiée par elle, le chagrin m'aurait tuée - et elle a un frère, il me fallut arrêter la machine, cesser de l'aimer (1) : le cliquet passé, il se referme et le voudrait-on, on ne peut revenir en arrière. Et j'ai pu vivre aussi. Car l'amour d'un seul assèche celui de tous, de la nature et même des animaux. L'océan est le coeur battant de la terre. Ma petite, dans les embruns, apparaît de ça de là, fugitive, un éclair, éclatante ou obscure, à la faveur d'un jeu de lumière et du souffle du vent. Un mirage