Les proles devant la maison

 Entre compassion et désespoir

Les proles.. les proies, les poires

Un couple passe, un peu usé. En léger surpoids, (assez maladroitement attifés, un T shirt blanc collant soulignant les plis de graisse et un marcel immaculé sur bedon bien rond, poils ébouriffés) fatigués par la chaleur et peut-être les puces.* Vague regard  vers les install (dont une est facile, rutilante, un peu tape à l'oeil) et affiches ; les livres, je n'y songe même pas. Je les salue, mais à peine car je les sens farouches. Pas de réponse mais pas de réelle agressivité, c'est déjà ça.(1). Il regardent, vaguement réprobateurs, inquiets plutôt. Ils ne savent pas "ce que c'est",  N'ONT PAS L'HABITUDE QU'ON NE LEUR RÉCLAME RIEN (2) qu'on ne leur vante pas de goods mirobolants, et inversent les prédicats : voudrait- on les gruger, plus encore que d'hab (car ils en ont l'habitude et s'en accommodent, ravis d'avoir fait une 'affaire' en  payant seulement dix € ce qui en vaut trois) .. on leur aurait dit "c'est une brocante spéciale très chère étant donné la classe extraordinaire de la taulière qui vient de Paris et l'emplacement privilégié ombragé..."  ça les aurait impressionné (je me vets assez chouette, un poil de maquillage, cheveux etc..) rassuré, ils se seraient aussitot mis de côté en plein cagnard pour ne pas violer l'interdit. Ça, ils connaissent, argent, infinies frustrations pour la plèbe désargentée qui est leur fatum ... (3) Le déplorent-iils ? Ça ne change rien.

* le marché !

(1) Parfois, qd il s'agit de mecs, l'agressivité survient pour masquer l'ignorance et éviter d'interroger, stt devant un public de petite amie.

(2) Un gamin autrefois n'osait pas rentrer ds la galerie croyant qu'il fallait payer pour VOIR .

(3) le mensonge même, aussi éhonté soit'il les rassure : un meuble "signé Boule" qd il est évident que de ttes manières le serait- il, il coûterait 100 fois le prix..  une crème qui fait maigrir en 3 jours etc..