La propagande bibiste et la legion SS Handschar rectifié
On parle souvent, côté propagande bibiste, du célèbre Mufti de Jérusalem, Mohammed Amin al-Husseini, qui a rencontré Hitler et favorisé le recrutement de la division SS Handschar, laquelle se battit contre les partisans de Tito et tua un grand nombre de civils dans les Balkans, et notamment des juifs. Ce qui est historiquement vrai, du reste, quoique les destinées de cette division n'aient pas toujours été aussi conformes qu'on le voudrait aux vues allemandes.
Il est vrai aussi que cette insistance sur ce fameux mufti est l'un des aspects de la propagande bibiste qui vise non seulement à nazifier les Palestiniens (alors que la division Handschar recrutait exclusivement des Bosniaques), mais surtout à culpabiliser les Européens en leur rappelant constamment la Shoah, comme si l'on pouvait imputer aux petits-fils les crimes des grands pères... : allusion à la nuit de cristal au sujet des échauffourées d'Amsterdam, attaque du ministre des affaires étrangères israélien contre l'Irlande, qui aurait été trop neutre pendant ladite Shoah, usage du terme de "pogrom" pour qualifier les attaques terroristes du 7 octobre, entre autres. Ce discours est surtout à usage occidental. Il remonte à l'entre-deux guerres. Il me faudra une fois en exposer les destinées.
Au passage, on a bien oublié les milliers de Palestiniens ou d'Arabes qui ont donné leur vie pour lutter contre l'Axe pendant la guerre, dans l'armée anglaise notamment.
Curieusement, ni nos médias ni nos "experts" de plateaux télé ne parlent des fascistes sionistes. Le fascisme en effet n'a pas seulement influencé le grand mufti, beaucoup moins les Palestiniens, qui n'avaient guère apprécié le comportement des Italiens en Ethiopie.
Car il n'y a pas que le mufti qui ait été touché par le fascisme. Le fascisme est aussi à l'origine de la création des Frères musulmans en Egypte en 1928 (le Hamas s'en est réclamé) et des Tabligh pakistanais à la même époque, par exemple. Et ils sont restés totalitaires. Le fascisme est une doctrine à large spectre, et comme on le voit encore, assez increvable.
La frange fasciste du sionisme apparaît en 1931, au XVIIe Congrès sioniste, tenu à Bâle en 1931.
C'est en effet l'émergence de ce qu'on a appelé les "révisionnistes", menés par Vladimir Jabotinsky - quant à lui nullement fasciste mais partisan de la manière forte envers les Palestiniens - et par Nahum Goldmann, sioniste radical allemand, qui se prononce contre l'idée d'un état binational défendue par Chaïm Weizmann.
Lesdits révisionnistes, avec le concours des sionistes religieux (Mizrahis) l'emportent largement pour le nombre de sièges dans l'Organisation sioniste (de 21 sièges en 1929 à 52 en 1931). Les sionistes socialistes de leur côté régressent un peu (81 sièges -> 75). Mais certains d'entre eux n'hésitent pas à comparer les révisionnistes aux fascistes - non sans raison - et Jabotinski à Hitler, ce qui est injuste.
Cela montre au passage la variété des positions existant dans le mouvement sioniste - et rend d'ailleurs assez problématique la notion d'"antisionisme" : qu'on soit contre le sionisme, d'accord. Mais lequel ?
Il n'est pas certain que al-Hussseini ait reçu des fonds italiens, ni qu'il ait eu des contacts avec l'Italie fasciste avant 1938, alors que le mouvement révisionniste sioniste est depuis longtemps en relation avec elle. Dès le 13 novembre 1934, Nahum Goldmann est reçu pas Mussolini. Il est alors le seul à être financé par lui.
Entre 1934 et 1938, 162 membres du Betar, la milice du sionisme fasciste, sont formés à l'académie militaire maritime des chemises noires à Civitavecchia.
Le 19 février 1937, à Tibériade, le Betar (milice sioniste d'extrême droite) défile en chemises brunes. Je n'invente rien : en chemises brunes. Ça finit en bagarre, 3 policiers et 11 Arabes blessés.
En 1938, au moment de la grande révolte arabe de 1936-1939, l'Irgoun, héritier du Betar et qui a absorbé ses membres, après la pendaison par les Britanniques d'un de ses militants arrêté suivant l'échec d'une attaque contre un autobus arabe, décide de se venger.
Le 4 juillet, une bombe placée dans un autobus arabe fait 4 morts. Un Arabe est assassiné sur la route entre Jaffa et Tel Aviv. Le 6, une bombe lancée sur un marché arabe de Haïfa fait 21 morts et 92 blessés. D'autres attentats, clairement terroristes, suivent à la fin du même mois.
Isaac Stern, chef d'un sous-groupe révisionniste, est un fasciste pro italien. A l'automne 1940 (Jabotinsky meurt la même année), il rédige le projet d'un Etat juif fasciste en Palestine. Rome faisant la sourde oreille, il se tourne alors vers l'Allemagne. Sa principale ennemie étant la Grande Bretagne (comme pour les nationalistes palestiniens), il souhaite sauver les juifs européens en les faisant venir dans une Palestine régie par les forces de l'Axe.
Benzion Netanyahou, père de Benjamin, était le secrétaire de Jabotinsky. Cette frange du sionisme déjà alliée aux sionistes religieux aboutit à sa descendance, ce qui explique pas mal de choses encore maintenant.
Dans l'atmosphère médiatiquement maccarthyste du moment, il est interdit de prononcer le terme de génocide, bien que ce soit ainsi que se nomme juridiquement tout comme en langues modernes ce qui est en train de se passer. Que les attaques du Hamas du 7 octobre aient été terroristes, toute personne sensée en conviendra sans difficultés, puisque c'est bel et bien la vérité. Le problème, c'est qu'il est devenu, à l'inverse, obligatoire de le dire, sans quoi on est aussitôt suspecté d'antisémitisme - avec les hannetons, les girafes et les mouettes.
Conclusion et enseignements de l'histoire, s'il y en a : le gouvernement israélien a parfaitement raison de considérer le Hamas comme un mouvement terroriste. Mais les origines d'Israël ne sont pas aussi pures qu'on pourrait le prétendre. A côté du très célèbre grand mufti, on compte en effet des fascistes tout à fait résolus et étincelants au sein du mouvement sioniste. Et on ne parlera pas ici de l'après guerre, de l'attentat de l'hôtel King David, de l'assassinat du médiateur Folke Bernadotte, ni de Deir Yassine...
Le terrorisme est à l'évidence l'un des fondements de l'Etat d'Israël.
Et il l'est toujours. Ce que j'essayerai de démontrer une autre fois.
Référence : Henry Laurens, La Question de Palestine, T. 2, pp. 218-220, 294, 343, 393, 471
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