Lettre à mon fils

 

 

 

" Oui. Soit. (Ndlr, il dit être triste que je ne vienne pas) .. 

Mais qd tu m'as annoncé la naissance de Didi, que j'attendais avec une telle impatience (comme tout St A du coup ) !! pdt (?) 1 heure ou plus j'ai tourné ds le village la nuit attendant que tu me dises de venir...  en vain. Ca n'est jamais advenu. J'ai raccroché en pleurant. Toute la nuit. Ensuite je suis qd même venue longtemps après tjrs avec Robert confortée ds l'idée que ça allait marcher qd même et ... ça n'a pas été le cas. 

Souviens toi de notre repas de départ, Mel épuisée disait-elle s'être réveillée aux aurores sans avoir pu se rendormir et ma réflexion naïve (tjs gentille) à savoir  que moi j'étais, comme svt debout à 5 h du matin.. dommage j'aurais avec plaisirs donné le biberon..  et la réflexion qui a suivi. "Oui mais ... nous sommes très différents... ce n'est pas possible, c 'est un conflit de génération..  " ( ton componctueux de Dame Sage avisée s'adressant à une idiote qui croit aux miracles !!) ... moi : " dire ça c'est  comme dire que tu as les yeux verts et moi marron.." à quoi me fut-il répondu "c'est à dire que je peux accepter (de vous voir) mais TROIS JOURS SEULEMENT PAS PLUS " ... je suis partie courir tant j'étais tanquée, ASSOMMÉE de la ... comment dire ? de ce propos dont je te passe l'attribut qui me vient à l'espritparce qu'il est assez insultant ! Et certes qd je suis revenue de la "balade" si on peut dire,et entre deux champs empoisonnés (!) il y a eu larmes, regrets et tentative de bisou* (probablement arrachés comme à Poutine Anna Politkovskaïa) mais cela demeure.

* par ailleurs,  tu le sais sans doute ms comme Aspi, j'ai horreur qu'on me touche, sauf toi, Mai lin, et les animaux. Surtout après telle tirade, ms de toutes manières en général.

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Tout comme le coup du "on est très inquiets de l'avenir.. c'est pas comme pour vous, qui avez tjrs trouvé du travail qd il le fallait..*" ... " mais voyons (toujours ma réponse gentille qui se voulait rassurante) vous savez bien que vous ne risquez rien, bien au contraire ! On a tout fait pour.."... et qu'elle m'envoie, agacée : "MAIS L'ARGENT ON EN A BESOIN MAINTENANT PAS DANS ... (geste)" Devant ma tête sans doute stupéfaite, plus peut-être.. elle s'est troublée certes mais comment rattraper un tel cri du coeur, exaspéré ? Et sincère là, à tout coups ?

* certes mais j'ai écrit 500 lettres en vain, sauf une, 2 ans après ! Retrouvée par hasard par la proviseure du bahut !  pour décrocher mon boulot, si misérable fût il à l'époque (à Perpignan, enceinte de toi).. et mes études, même si j'ai eu la chance de les accomplir sans effort aucun, (intellectuel) au contraire m'ont tout de même valu quelques nuits blanches maxiton café gauloises... études arrachées à Mamie Papi qui me les ont au départ INTERDITES !! "Institutrice c'est tb pour une femme, tu pourras t'occuper de tes enfants.. ne vise pas trop haut, pour qui te prends-tu (ça c'est juste papa) tu t'épuiseras et de toutes manières n'y arriveras jamais (ça c'est Lydie) ".. " Et puis, les parents de Françoise ont de quoi" (ça c'est Marguerite) une hépatite virale m'a sauvée*

Bref, rejetée que je fus quasi tout le temps j'ai l'outre pleine à éclater et ne puis en ingérer une goutte de plus stt provenant de la personne que j'aime le plus, toi, fût ce par dérivation.

* J'avais intégré de force l'EN de Nimes après le bac, comme stagiaire instit  (alors mineure, 18 ans, je ne pouvais de moi-même démissionner et mes parents le refusaient) et me voyant réitérer mes supplications, malade, jaune de partout, le Rectorat a enfin accepté en toute illégalité !! ma démission. [Qu'est ce que c'est cette gamine qui tente de se suicider (à 15 ans, oui, harcelée à l'internat, abandonnée de mes parents ayant déménagé au Ranquet, ravis d'être enfin débarrassés de la charge que je représentais, j'avais un petit salaire-) harcelée car issue d'un lycée et non d'une troisième spéciale de collège comme toutes !! Symbole donc malgré moi de l'inutilité voire la stupidité de ces classes tant vantées] cette gamine qui une fois récupérée,  devient comme un citron.. .. Note : la France a été épinglée par la cour européenne des droits de l'homme pour ces pratiques qui s'assimilent à de l'exploitation d'enfants.. je crains en ce sens que des suicides, il y en ait eu d'autres, réussis. Le mien était un peu bidon, une simple ordalie..

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Car une fois le pli pris, tout s'enchaine souvent : le rejet appelle le rejet comme l'eau, l'eau. Je ne parvenais plus par ex à aller chez Mamita seule (sans Robert) ni chez toi, idem. Sauf lorsque tu fus malade, pour tenter de te soigner... (mais j'ai senti, oaloanle, évidente, inquiétante, la jalousie de Mel nous observant) et garder les chiens... ce qui n'a pas non plus été très réussi.. 

Si bien que ma vie se résume au chagrin, intermittent, à la pitance.. euh..militance !! aux soins et sauvetage d' animaux .. ce n'est pas si mal, à l'écriture (affiches) et à ce succès qui parfois m'étouffe un peu (ms que j'apprécie infiniment!) hélas couplé forcément par son pendant, le harcèlement de certains notamment un garde frustré de la tronçonneuses et quelques connards.. euh, parfois arabes... dont notre locataire.

Parfois je rêve que ça s'arrange ms je n'y crois guère car le chagrin justement empêche la guérison... précisément de ce qui l'a causé ! donc la seule solution est de faire autre chose, de tenter d'oublier ou de remplacer comme dit Descartes une passion (funeste ou juste avortée par rejet de son objet) par une autre plus forte,  plus générale et si possible plus valeureuse qui l'annule. Il n'y a pas d'autre moyen ou du moins ne m'en suis je pas trouvé.

Peut être toi ou tes petites tu sauras qui sait ? Apres tout qui sait. Reste que je ne supporterai pas un autre rejet d'où mes réticences tant pour Mai linh que... tous. Bisous