Un phare d'Emilie !!!

 Ce que sait la poussière
Il est des jours où les routes s’effacent,
non par magie, mais par politesse :
elles se retirent pour nous laisser danser.
Vous qui croyez marcher vers un but ?
Non...vous flottez sur le vent,
et c’est bien mieux ainsi.
Les hommes que je croise sont vêtus de gravité,
le front penché sous le poids de clés inutiles,
et de cartes ornées de continents chimériques.
Je leur dis :
laissez donc choir les serrures ...elles ne gardent rien.
Oubliez les frontières… elles n’ont jamais contenu que du vent.
Sachez-le : une poignée de terre vaut l’or des étoiles.
Au fond, je n’ai ni maison, ni royaume.
Je vais, je viens.
Je sème et je m’en vais.
On me demande alors :
"Que cherches-tu donc, voyageuse sans bagages ?"
Je réponds, avec ce sourire que j’aime croire énigmatique :
je cherche le lieu sans mensonge,
le visage sans fard,
le chant sans promesse — et pourtant, prodigue.
J’ai appris ceci de la nature :
il n’est point d’échec sous le ciel.
Même le roc brisé demeure fidèle à sa nécessité.
Même la feuille tombée nourrit la terre qu’elle rejoint.
Alors pourquoi tant de vies enchaînées ?
Pourquoi ces armures de papier mâché ?
Pourquoi ces rêves qu’on brise
comme la neige écrasée dans la main d’un enfant ?
Le monde n’est ni vaste, ni exigu.
Il est.
Cela suffit.
Il attend notre regard...pour peu qu’il consente à aimer.
Car ce que l’on refuse d’aimer demeure invisible.
Les étoiles m’ont soufflé :
"Nous brillons sans mendier le regard."
Le vent m’a appris :
"Traverse les royaumes sans les convoiter."
La poussière, elle, sait ceci :
tout retourne un jour au chant premier.
Il viendra un matin sans but,
et vous comprendrez :
il n’est de sagesse plus haute
que de marcher en musique,
accordé au rythme silencieux des choses.
Car en vérité… nous sommes danse.
Danse d’hommes las,
de femmes debout,
d’enfants jetant leurs éclats d’avenir comme des perles au vent.
Une simple danse portée par l’air,
prolongée par la lumière,
et qu’aucune cage, jamais, ne saurait contenir.
Emilie Le Saint Baron